Archibald McCarthy ♫ Messed up but not broken

Né dans une famille dysfonctionnelle, Archie a dès tout petit lié une relation très forte avec son frère et sa soeur, devenus les deux personnes les plus importantes de sa vie. Trop petit pour comprendre les erreurs de sa mère et les absences de son père, le bonhomme se met souvent en colère, pleure. La seule chose qui peut le calmer ? Un vieux disque de chansons celtes, ayant appartenu à feu son grand-père maternel. Le violon, les percussions, la cornemuse et la guitare sèche deviennent ses doudous plus que les peluches qui recouvrent son lit.  +++  Le départ de sa mère est un déchirement. Petit garçon encore attaché à la figure maternelle, il ne comprend pas pourquoi elle doit partir loin de lui, pourquoi il doit rester ici alors qu’elle s’en va si loin. Il gardera de ce moment une déchirure profonde en lui et la peur constante de l’abandon.  +++  Il n’est pas bien vieux lorsque son père décide de se remarier. Il veut faire bonne figure, suit l’enthousiasme de son grand frère mais n’est pas convaincu. Maria n’est pas sa mère, ne le sera jamais, et si un enfant nait de cette union, il n’aura jamais la même place que Lewis et Tara à ses yeux. Il sait déjà que ce ne sera jamais la même histoire qu’avec sa fratrie.  +++  17 ans, ce n’est pas bien vieux pour avoir la plus grande claque de sa vie et pourtant c’est ce qui arrive à Archie. La naissance de Rafael, c’est comme un immense coup de poing en plein dans la tronche. C’est encore un gamin un peu trop porté sur la fête et les conneries, mais il doit devenir un adulte responsable pour ce petit ange qu’il découvre dans ce petit berceau d’hôpital. Certes, lui n’est que l’oncle, mais il donnerait tout pour ce gamin, il en est certain.  +++  À peine vingt ans, prêt à décoller pour l’autre bout du pays. Ses études de médecine sont bien entamées et il a obtenu le match qu’il désirait pour son internat : Mount Sinai Hospital, l’un des meilleurs services de cardiologie du pays tout entier. Le cœur, ça le fascine et il a toujours su que son champ d’expertise serait celui-ci. Mais ce n’est pas la seule raison qui le pousse vers la côte Est. Non... Elle lui a écrit des années durant, il a toujours dissimulé les lettres. Elle est à New-York et il veut la trouver, l’aider. Grâce à lui, elle se sortira de ses addictions, il en est certain. Il va retrouver sa mère.  +++  Les retrouvailles sont émouvantes, emplies de larmes et de grandes déclarations, mais Archie ne passe pas par quatre chemins : elle doit stopper ses excès, renoncer à l’alcool et aux drogues pour enfin vivre une vie normale. Le chemin sera long, mais il est confiant. Elle réussira à s’en sortir maintenant qu’elle n’est plus seule. Trois ans plus tard, Lewis débarque à son tour à N.Y.C. Archie lui cachera ses rendez-vous avec leur mère, sachant très bien que son frère le découragerait de la voir. Elle est sobre, mais vit dans un équilibre précaire face à la tentation. L’arrivée de son frère a failli la faire à nouveau basculer, mais ce qui met fin à ses huit mois de sobriété c’est d’apprendre qu’elle a un petit fils qu’elle ne pourra sans doute jamais voir à cause de ses erreurs. Archie lui assure qu’elle pourra le faire. Rien n’est perdu, elle doit juste tenir.  +++  Il aura fallu une douzaine d’années mais il y est enfin parvenu. Nous sommes en 2015 et Archie vient d’être nommé chef du service de chirurgie cardiothoracique. Il est fier, grand sourire aux lèvres alors qu’il tient son téléphone en main, prêt à appeler les personnes qui comptaient le plus au monde. Mais son père le devance, pour une nouvelle qui bouleversera sa vie à jamais. Rafael n'est plus là. Il ne réfléchit même pas et prend le premier vol, laissant derrière lui la grande fête préparée en son honneur par son petit-ami, relation secrète dont la flamme s’éteint à son retour de Washington. Rien ne sera plus pareil.  +++  Archie est toujours celui qu’il a été : souriant, charmeur, blagueur et excellent dans son métier. Cependant, ceux qui l’ont connu avant le décès de son neveu savent qu’une étincelle s’est éteinte dans son regard. Il accepte de plus en plus de cas difficiles, extrêmes, refusés par nombre de ses confrères, et s’est d’ailleurs attiré une réputation de médecin des cas désespérés. Peut-être qu’un jour un de ces cas apaisera la douleur, apaisera la perte. Comme l’impression de ne pas avoir été à la hauteur, lui qui aurait dû être là, être à l’écoute. Combien de fois Rafael a-t-il cherché à se confier à lui ? Combien de fois lui a-t-il assuré que tout finirait par s’arranger, qu’il devait persévérer, que tout irait mieux ? De beaux mensonges qui n’ont apporté dans leur sillage que la mort. Il aurait dû en faire plus, le sortir de là dès que l'homophobie a pointé le bout de son nez dans les propos de son ordure de père. La culpabilité le ronge, mais il n’en laisse rien paraître. Déjà peu sociable auparavant, il ne sort désormais presque plus, donnant tout son temps à son travail, à ses patients. Son métier, c’est sa vie. Un jour, il en est persuadé, il mourra debout, bistouri en main, au beau milieu de son bloc.