trigger warnings : racisme ordinaire, racisme, relation amoureuse abusive & toxique, abandon.
Vinnie avait pourtant fait face à des évènements bien plus catastrophique dans une vie, des épreuves qui pourraient en changer plus d’un. Mais rien de ceux-là semblaient faire le poids avec cette violente rupture le jour de ses trente ans. Une rupture qui dans le processus a brisé quelque chose au plus profond de son âme. Dis comme cela, ça fait très excessif mais c’était malheureusement un peu le cas. Ça avait enterrer la passion et les rêves qui le faisaient jusque là avancer et lui permettait d’avoir une raison de sortir du lit. Cela avait mis fin à un talent. Talent qu’il n’a jamais vraiment pu reconnaître lui-même pour des raisons encore plus insidieuses que cette simple rupture.
Mais avant de plonger dans ces horreurs-là, autant plongé dans la genèse de qui il est pour mieux comprendre ce château de carte effondré. Où déjà sa naissance est une catastrophe pour la personne qui l’a mis au monde. Un accident malchanceux, arrivé à une personne bien trop jeune. Seize ans, la gamine avait fait sa première fois avec un autre gamin de son âge. Et assez maladroit à l’époque, la protection n’avait pas fait son effet et elle est tombé enceinte. Pourtant, la famille du garçon et ses propres parents étaient prêts à l’aider et lui permettre d’avoir une adolescence normale, en l’aidant avec sa grossesse puis le bébé, mais elle ne pouvait se résoudre à le faire vivre alors qu’elle ne voulait pas de lui. Et malheureusement, bien trop gentille, trop influençable, elle n’a exprimé ceci que lorsqu’il était bien trop tard et accouchera donc sous x. Mais une fois qu’elle vit le bébé, elle fut prise d’une culpabilité qu’elle ne saurait expliquer. Elle ne voulait pas changer d’avis mais elle ne pouvait pas l’abandonner et le noyer dans l’ignorance de ses origines. Elle trouvait trop cruel de se dire qu’il ne saura jamais d’où il vient. Alors elle a écrit une lettre.
Vinnie fut adopté assez rapidement dans une famille des plus accueillantes. Assez pour qu’il se sente chez lui pendant longtemps avant que la réalité le percute violemment. Il ne s’était jamais posé la question jusqu’à ce que des gamins commencent à se moquer de lui et à s’en prendre à lui-même physiquement parfois. Parce que de ses yeux d’enfants, il ne voyait pas les différences flagrantes physiques entre lui et ses parents. Il aurait fini, par le remarquer plus vieux, si les choses s’étaient mieux passé. Ou ils auraient aussi pu, déjà le savoir. Mais ses parents avaient choisi de l’élever comme s’il était leur fils et n’ont pas su lui en parler. Ils voulaient très certainement le protéger mais malheureusement, ce n’était pas forcément le bon choix. Durant cette période, le gamin qui parlait surement bien trop, à déblatérer tout ce qui lui passait par la tête devint soudainement mutique, plus renfermé et surtout beaucoup plus revêche. Inquiétant bien évidemment ses parents et surtout sa mère avec qui il s’était toujours si bien entendu. Cette dernière tenta de lui parler mais ça n’eut aucun effet, elle le mena même voir un médecin, puis d’autre spécialiste mais c’est finalement l’infirmière de l’école qui perça le mystère, ayant remarqué les traitements que recevaient Vinnie.
Après cet épisode, sa mère finit enfin par avoir la discussion avec lui. Mais elle ne lui parlera pas de la lettre, pas encore.
Le reste de son enfance se calma un peu et il reprit bien vite du poile de la bête, ignorant les connards, traînant avec de meilleures personnes et surtout s’évadant dans son nouvel hobby qui venait de son grand père adoptif, la photo.
Ce n’est qu’à sa majorité que les choses prirent un nouveau tournant. La peur de le perdre de sa mère adoptive qui montre à nouveau sa forme. Cette dernière lui donna finalement la fameuse lettre. Cette dernière craignait qu’il réagisse mal et ne la considère plus comme sa mère. Mais que maintenant qu’il était majeur, il était adulte et c’était à lui de décider. Même s’ils étaient proche, qu’il la considère comme sa meilleure amie en plus d’être sa mère, il lui en avait voulu, ce jour-là. Parce que même s’il n’avait jamais vraiment remis son existence en question depuis la primaire, il aurait voulu avoir ces réponses-là. Alors ils se sont disputés, comme jamais ils ne l’avaient fait auparavant. Et il était parti crécher chez un ami pendant plus d’un mois sans lui adresser la parole. Et puis il y avait la lettre.
Une lettre qu’il avait peur de lire. Mais il avait fini par le faire et il avait même rencontré sa mère biologique par la suite. Mais ça ne fut que confirmer ce qu’il pensait. Il s’était toujours dit qu’elle avait eu une raison de l’abandonner et qu’il la comprendrait, quelle que soit cette raison. Parce qu’il a été élevé par des gens qu’il aime et qu’il se fichait qu’ils n’étaient pas ses « vrais » parents. Après quoi, les choses s’arrangèrent avec sa mère.
Et puis, il y avait ce rêve qu’il voulait réaliser, devenir photographe, faire carrière, pouvoir faire des expositions partout dans le monde. Il voulait pouvoir raconter quelque chose à travers ses clichés, faire ressentir quelque chose à quelqu’un.
Faisant des études plus traditionnelles à coté de sa passion, il se lance dans une formation d’infirmier. Même si ce n’était pas vraiment sa vocation, il voyait surtout un moyen de pouvoir aider des gens. Et donc à coté, il a continué et continué, pris des centaines de photographie jusqu’à ce qu’on finisse par le remarquer. Un autre photographe finira même par lui proposer une petite place en collaboration dans une de ses expositions. Une chance incroyable, il se disait que c’état le début de quelque chose de grandiose !
Mais s’il avait su. Peut être qu’il n’aurait jamais dû la faire. Parce qu’il
le rencontra au vernissage. Cet homme qui plus tard lui promettait monts et merveilles, lui faisaient croire des choses qui n’arriveront jamais. Vinnie l’a cru et il s’est laissé enfermé dangereusement dans cette cage dorée. Celui qu’il a cru pendant des années être son mentor, l’homme de sa vie, n’en était en réalité que celui qui lui a détruit toute possibilité de réussite. Chaque exposition qu’il devait faire, chaque projet, chaque mouvement qu’il pouvait faire,
Dan y a mit fin sans même que Vinnie le remarque. Et qui était celui qui le consolait à chaque fois ? Parce qu’il avait réussi à l’isoler de quasiment tout le monde. Sauf sa mère.
Et sa mère a tenté désespérément de lui ouvrir les yeux mais Vinnie avait volontairement fait l’aveugle, refusant de croire qu’il avait perdu dix ans de sa vie et surtout son rêve. Et ce n’est personne d’autre que Dan qui lui balança la réalité dans la gueule le jour de ses trente ans. Aussi violent que s’il avait percuté un train à pleine vitesse, ce dernier l’avait jeté, comme une merde. Ce dernier était d’ailleurs bien plus âgé que lui, c’était une ordure, un cinquantenaire qui était de ceux qui n’aiment que les jeunes. Et trente ans, apparemment, c’était bien trop vieux pour lui.
Et la pilule, elle a du mal à passer. Mais il tente de s’en relever, parce que plus les semaines passent, plus il réalise chaque fils qui formait le pantin qu’il a pu être. Chaque mensonge, chaque action qu’il a pu faire.
Pour autant, il n’arrive pas à faire disparaître ce qu’il a réussi à graver sur son âme : qu’il n’était qu’un loser, qu’il n’était pas fait pour sa propre passion.