La musique, c’est une bonne partie de ma vie. C’est une passion. La musique, je l’ai dans le sang. Depuis le plus lointain de mes souvenirs, j’ai toujours voulu faire carrière dans la musique, être reconnu pour ma musique et mes chansons…sauf que voilà, quand on ne naît pas dans cet univers, c’est super difficile de percer. Le pire, c’est que je suis sûr que je suis beaucoup plus doué qu’une masse de grands noms de la musique, mais putain, personne ne m’offre ma chance de percer et sans ma guitare, je ne peux même pas tenter de me filmer pour tenter de partager mes chansons avec internet. J’suis baisé de toute part. Jamais je n’aurais dû vendre ma guitare pour de la came, y’a de ça quelques années. Bon sang, j’avais détruit la seule bonne chose de ma putain de vie. Les nerfs en boule, la faim au ventre et la mélancolie à l’âme, je me devais de trouver un exécutoire sur lequel focaliser mon attention sinon j’avais peur de craquer…et je n’y tenais pas particulièrement.
Me baladant dans les rues de New York un peu au hasard, ma seule intention était de m’éloigner du Bronx et des démons qui m’y guettaient. Trouver un endroit assez passionnant pour me distraire. C’est là que ma guitare me manquait le plus, c’est ironique non? J’ai vendu la seule chose qui pouvait me tenir éloigné de mon envie de consommer, justement pour m’acheter de la drogue. Oui, j’avoue, j’ai été con sur ce coup. C’est l’habitude qui me conduit jusqu’à Manhattan, sans arrière-pensée pour une fois. Je ne voulais pas dérober de portefeuille, ça serait trop dangereux à cet instant précis. Par contre, je sais qu’il y a tant de tumulte dans ce quartier que trouver une source de distraction ne devrait pas être si difficile.
C’est donc vêtu d’un hoodie noir, le capuchon rabattut sur ma tête afin de cacher mon visage, que je me balade, les mains dans les poches, tout en fixant le sol dégueulasse de détritus. Les riches…ils se pensent si supérieurs qu’ils croient que ce n’est pas de leur devoir de protéger cette planète qui se crève en cet instant même. J’esquisse une grimace et je ravale mon commentaire désobligeant lorsque je vois une vieille ignorer ouvertement la merde que vient de déposer son chien sur le pavé à côté d’elle. Normalement, je l’aurais brutalement bousculé pour qu’elle tombe dessus et ruine ses vêtements, mais il y a un flic pas trop loin et j’ai l’impression qu’il me fixe. C’est mauvais. Il m’a reconnu? Je sais que ma bouille d’ange circule dans les postes de police vu mes multiples vols à la pige.
C’est parce que je le vois esquisser un mouvement dans ma direction que je me saisis de la première poignée de porte dans mon sillage et que je la tourne comme si ma vie en dépendait. C’est une odeur de poussière et une la chanson Money de l’album The Dark Side of the Moon qui m'accueille. “Oh putain, merci mon dieu”Soupirais-je en découvrant que mon échappatoire était le Cypress Record. Normalement, j’évite d’y entrer parce que je n’ai pas le fric pour m’y procurer quoi que ce soit, mais…dans ce contexte, je pense que j’allais me permettre un petit tour du proprio. Tentant de calmer les tambourinements angoissés de mon coeur, je me balade entre les différents rayons avant de me cacher dans celui de l’électro-rock, celui le plus éloigné de la baie vitrée. “Bon, quelle merde il y a ici…de l’électro-rock, ça ne va même pas ensemble” Gromelais-je en tentant de trouver un titre ou deux que je connaissais, le temps que je me calme suffisamment pour enfin apprécier ce moment comme l’endroit le méritait.
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